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Givry : Peintre paradoxal

Un peintre qui peint “sans faire voir”, qui peint en effaçant , dont les références et stimulations viennent plus souvent des textes que de la peinture, dont Jabès, Blanchot d’autres encore sont des compagnons quotidiens..

Liée au livre - elle l’affirme souvent - liée au livre donc, à la langue, à l’histoire, cela a sans doute contribué fortement  (après un passage obligé par le figuratif) à l’entraîner vers cette dissolution des formes.

Finalement, après plus de vingt années de pratique, elle arrive à l’obsession de la trace, celle qui subsiste après maints cataclysmes, qui se perçoit, s’entrevoit encore dans toute sa fugacité, parfois même à peine allusive, dans toute sa ténuité.

Une fragilité qui signalerait le “passage”  quoi qu’en dise ou quoi qu’en scelle tout silence et toute parole. Cette préoccupation soucieuse, constante, se révèle  -on pourrait dire se trahit-  la plupart du temps dans les petits formats qu’elle aligne contre le mur pour composer un mot, une expression: petits formats légers où le papier de soie s’est figé de mille plis et rides noyés dans les couleurs toutes aussi subtiles et légères, mais de cette légèreté oscillant au- dessus d’une profondeur que seule peut rendre la matière longuement travaillée; profondeur inquiétante d’où surgiraient ces souffles oscillants dans et par la couleur multiple et diaphane.

Car il y a bien quelque chose de sourdement angoissant dans cette alliance du diaphane, de la légèreté et de la profondeur d’où émergent mouvance et précarité ; auparavant, tout a été pensé, structuré: l’effacement ne s’opérant que dans la perspective du temps  de l’usure...

Ne reste que le signe de ce qui a déjà eu lieu...à celui qui regarde de construire ce qu’il peut ou veut.

Même dans les grands formats, on retrouve toutes ces caractéristiques, mais, à tenter de dépasser la matière davantage encore,  D.GIVRY  nous projette dans un futur où la réalité s’est irrémédiablement déjà et encore troublée  dans une gigantesque et très instable minéralisation du temps.

Son tour de force est de nous précipiter dans un “après “,de nous maintenir dans cette “douleur délicieuse” qu’est ce trouble étrange ou maintenant n’existe plus.

                                                                                                                      Anne-Marie Jeanjean
 

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